Romains 14.1-3 "Accueillez celui qui n’a pas une foi solide, ne critiquez pas ce qu’il pense. Par exemple, quelqu'un croit qu’il peut manger de tout, mais quelqu’un d’autre qui n’a pas une foi solide mange seulement des légumes. Celui qui mange de tout ne doit pas mépriser celui qui ne mange pas certains aliments. Et celui qui ne mange pas certains aliments ne doit pas juger celui qui mange de tout, car Dieu l’a accueilli."
Introduction:
L'observation de certaines problématiques spirituelles rejoint de près certaines de nos problématiques corporelles.
L'analogie faite entre l'alimentation corporelle et l'alimentation spirituelle a été particulièrement utilisée par l'apôtre Paul.
Il aurait pu faire sien ce proverbe : "Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es…?"
Dans notre texte d'introduction, l'Apôtre Paul parle d'alimentation et il relève deux types d'alimentations. Il y a celui qui mange de tout et celui qui ne mange que des légumes.
Dans ce passage, l'alimentation est mise en relation avec la spiritualité et en particulier avec la foi. D'un côté, il y a ceux qui ont une foi faible qui se nourrissent de légumes et de l'autre ceux qui croient avoir une foi forte qui se nourrissent de tout.
Nous pourrions être conduits à interpréter essentiellement ce passage de l'épître aux Romains comme une tentative de l'Apôtre d'harmoniser les croyants en ce qui concerne les habitudes alimentaires en rapport notamment avec la consommation de viande et plus particulièrement des viandes sacrifiées aux idoles. Sans doute des problèmes existaient à ce niveau dans l'église de Rome. Mais, je pense que les propos de Paul ne reposaient pas uniquement sur le terrain des pratiques culinaires et s'il fallait oui ou non être végétarien ou observer les jours comme mentionné dans ce chapitre.
Un sujet de fond était soulevé par l'apôtre sur la nécessité de ne pas critiquer, de ne pas mépriser et de ne pas juger l'autre en rapport notamment à son niveau de foi.
Paul, donnera l'argument principal sur lequel il appelle les croyants à mieux s'accueillir par le simple fait que Dieu accueille chacun d'eux unanimement.
Ainsi, dans la suite de son chapitre, et comme pour appuyer son argumentaire, Paul replacera chacun dans sa condition de serviteur. Il poussera ainsi sa réflexion en disant dans Romains 14.4 "Qui es-tu, toi, pour juger le serviteur d’un autre? Qu’il tienne bon ou qu’il tombe, c’est l’affaire de son maître. Mais il tiendra bon car le Seigneur, son maître, a le pouvoir de le faire tenir."
Si le chrétien fort avait tendance à mépriser le faible et que le chrétien faible avait tendance à juger le fort, il ne fallait pas que les choses demeurent ainsi.
Chacun dans sa condition de serviteur, devait ainsi accepter celui que son maître avait lui-même accepté. Agir différemment remettait en question la décision du maître dans le fait d'avoir choisi l'autre.
Quel serviteur pouvait, en effet, se permettre de remettre en question son maître?
Aucun serviteur ne se serait permis un tel affront..!
Nous voyons que le problème soulevé dans ce passage est au-delà de ce qui entre dans la bouche ou de ce qui par manque de maturité n'a pas encore été totalement remis en question à un certain stade de progression dans la vie spirituelle.
Paul tente ici de faire réaliser aux chrétiens de Rome qu'il y a des points secondaires à la foi, sur lesquels il ne faut pas nécessairement pointer, comme s'ils étaient des points principaux.
Il n'est donc pas question ici d'une altération des fondements chrétiens sur lesquels s'édifie notre foi, mais d'une règle d'harmonie et d'intégration de l'autre dans l'église, reposant sur la nature même de notre acceptation en Christ.
Combien de croyants se sont critiqués et méprisés en se jugeant sur des points secondaires dans la foi, mettant en péril leur témoignage, et portant souvent atteinte aux plus faibles.
La différenciation entre les points principaux et les points secondaires de la foi devrait être claire dans l'esprit de tous car une confusion à ce niveau est souvent cause de divergences, de dissensions, et plus tristement de divisions.
L'argumentation théologique de l'apôtre deviendra encore plus forte aux versets suivants lorsqu'il dira: Romains 14.9-13 "En effet, le Christ est mort et il est revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants. Et toi, pourquoi condamnes-tu ton frère?
Ou toi, pourquoi méprises-tu ton frère? Ne devons-nous pas tous comparaître devant le tribunal de Dieu? Car il est écrit: Aussi vrai que je vis, dit le Seigneur, tout genou ploiera devant moi et toute langue me reconnaîtra comme Dieu. Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même Cessons donc de nous condamner les uns les autres. Prenez plutôt la décision de ne rien mettre en travers du chemin d’un frère qui puisse le faire trébucher ou tomber."
Paul établit clairement la domination du Christ sur les deux évènements que sont sa mort rédemptrice et la résurrection, faisant de Jésus le Seigneur des morts et des vivants.
C'est en confrontation avec cette domination qui assigne chaque croyant au tribunal de Dieu, devant lequel nous devrons répondre pour nous-même, que nous devons réaliser le caractère infondé et présomptueux de tous jugements concernant nos frères et sœurs en la foi.
Mais gardons-nous cependant de noyer des points principaux de la foi aux milieux des points secondaires dans le but d'alléger la pratique de notre foi selon une logique libérale ou de l'alourdir en passant des points secondaires au niveau des points principaux selon une logique légaliste.
Lisons maintenant ensemble 1 Corinthiens 3.1-4 PVV "Cependant, frères, il ne m’a pas été possible de vous communiquer ces vérités spirituelles, car je n’ai pas pu m’adresser à vous comme à des hommes remplis de l’esprit. J’ai dû vous traiter en êtres dominés par les réalités terrestres et vous parler sur un plan purement humain parce que, dans vos relations avec le Christ, vous en étiez encore au stade de nourrissons. C’est pourquoi je vous ai donné du “lait” et non de la nourriture solide; car vous n’auriez pas pu l’assimiler alors. Que dis-je? Aujourd’hui même, vous êtes encore incapables de la supporter. Pourquoi? Parce que vous vivez toujours sur un plan essentiellement terrestre, obéissant aux impulsions de votre être naturel. Qu’est-ce que j’entends par là? Lorsque vous vous jalousez les uns les autres et que vous vous fractionnez en partis opposés, ne montrez-vous pas que vous vivez comme des hommes livrés à eux-mêmes? Tant qu’il y aura parmi vous des rivalités, des dissensions et des querelles, n’est-ce pas la preuve que vous vous comportez comme tout le monde, comme des hommes irrégénérés?"
Dans ce passage, l'apôtre Paul s'adresse aux chrétiens de Corinthe auxquels il s'efforce d'expliquer le niveau de spiritualité qui était et semble être encore le leur…
Vivant encore au stade des réalités terrestres et des convoitises charnelles, ils en étaient encore à se nourrir du "lait spirituel" sans être passés encore à la nourriture solide que Paul appelle "vérités spirituelles".
L’apôtre ne leur avait transmis que des vérités élémentaires concernant le Christ en vue du salut, ce qu’il décrit comme étant le lait du nourrisson. Ce lait, plein d'éléments nutritifs propices au développement d'un nourrisson, serait source de carences, s'il demeurait l'alimentation de base d'un homme adulte.
Les Corinthiens n’en étaient pas encore arrivés au stade de la nourriture solide, à cause de leur manque de maturité. C’est dans ce même esprit que le Seigneur avait déclaré à ses disciples: Jean 16.12 "J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant".
Le drame avec les Corinthiens, c’est qu’ils n’étaient toujours pas assez avancés pour accepter un enseignement plus poussé de l’apôtre. Paul notait donc un réel retard de croissance qu'il jugea bon de mettre en relief dans son épître.
Romains 14 et 1 Corinthiens 3 semblent être dans la même veine théologique…
Mais, Paul n'est-il pas en train de critiquer ou de juger d'une certaine façon les Corinthiens encore "faibles" tandis qu'il disait aux Romains de ne pas le faire…?
Quelles différences établissez-vous entre les "faibles Romains" et les "faibles Corinthiens"…?
Les Romains étaient faibles de par leur nouvelle adhésion à la foi chrétienne alors que pour les Corinthiens, Paul pointait dans leurs vies, un problème de croissance spirituelle.
Ils devraient être matures depuis longtemps alors qu'ils étaient encore des bébés spirituels.
Dans les deux cas, la maturité n'était pas présente, mais nous comprenons que pour les uns cela était normal alors que pour les autres, ce manque révélait un dysfonctionnement : Ils étaient encore charnels.
Deux types de croyants faibles sont ainsi abordés par l'apôtre Paul dans ses épîtres.
Les croyants nouveaux nés spirituellement et les vieux croyants en retard de croissance qui continuent à se comporter comme des nouveaux nés.
Paul, nous amène à faire la différence entre les deux sortes de chrétiens "faibles" au lieu de la faire entre les chrétiens "forts" et les chrétiens "faibles".
L'amalgame qui est parfois fait entre les deux sortes de chrétiens faibles ne rend service ni aux uns ni aux autres. Cela revient à traiter deux choses différentes de la même façon parce qu'elles se ressemblent alors qu'elles n'ont pas les mêmes présupposés.
Si les faibles de Rome jugeaient essentiellement les forts parce qu'ils mangeaient de tout, les faibles de Corinthe se jalousaient entre eux, se divisaient, vivaient dans des rivalités, des dissensions et des querelles les uns avec les autres.
En observant, nous en déduisons que la cause de l'immaturité spirituelle est commune à ces deux types de chrétiens faibles, mais si elle est d'une certaine manière justifiable pour les uns, elle ne l'est plus pour les autres.
De même, les manifestations de cette immaturité ne sont pas comparables entres elles pour autant qu'il soit possible d'établir une échelle de gravité aux péchés…!
Notons cependant que pour ces deux types de chrétiens faibles, il appelle les uns à la retenue, et les autres à une sorte de mise à niveau avant que le jugement ne vienne révéler les œuvres de chacun.
Au point où nous en sommes, ce qui est intéressant de noter c'est dans quelle direction Paul va pousser ces deux types de chrétiens faibles afin d'amener chacun à vivre les changements nécessaires et en rapport à leur état.
Pour les chrétiens faibles de Rome, Paul les entraînera dans la dimension du service et du lien avec leur maître comme raison et réponse suffisante au fait de ne plus juger.
Pour les chrétiens de Corinthe, Paul les entraînera aussi dans la dimension du service et du lien avec leur maître.
Lisons dans 1 Corinthiens 3.23 "Mais vous, vous appartenez au Christ et le Christ appartient à Dieu."
Nous pouvons donc tirer la conclusion suivante de ces deux passages.
Reconnaître son appartenance au Christ, sa souveraineté sur nos vies et notre nécessaire soumission à sa personne et à sa Parole sont les moyens le plus pertinents pour atteindre la maturité spirituelle et ainsi en finir avec les manifestations charnelles en rapport avec une immaturité entretenue ou pour faire croître les enfants spirituels en rapport de la foi.
La notion de service qui est pourtant tellement contournée par certains les maintenant dans une réelle stagnation spirituelle a été prévu et pourvu pour l'avancée de notre foi.
Ce remède à l'immaturité spirituelle, Paul l'a lui-même pratiqué dans sa propre vie pour laquelle il déclara dans 2 Corinthiens 12.10 "aussi je trouve ma joie dans les souffrances, les infirmités, les insultes, les détresses, les privations, les persécutions et les angoisses, puisque c’est au service du Christ et pour lui que je les endure. C’est lorsque je me sens faible que je suis réellement fort."
Voyez-vous apparaître clairement le lien qui s'établit entre le service et la communication de forces spirituelles accompagnant la croissance…?
Un autre passage dans les Corinthiens nous invite aussi à entrer dans cette dimension afin de manifester une détermination sans faille dans 1 Corinthiens 15.58 "C’est pourquoi, mes chers frères, soyez fermes, ne vous laissez pas ébranler, travaillez sans relâche pour le Seigneur, sachant que la peine que vous vous donnez au service du Seigneur n’est jamais inutile."
PASTEUR Xavier LAVIE
Eglise au cœur de la ville
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